Guide pour bien démarrer en bourse

Sommaire

Introduction

Investir en bourse est une activité passionnante. C’est une immersion dans l’économie, dans l’actualité et le monde qui nous entoure. C’est aussi un plongeon dans un univers sans frontière et une temporalité qui ne s’arrête jamais. L’interconnexion entre les places asiatiques, américaines, européennes, émergentes et plus généralement tous les pays dans le monde est permanente et instantanée.

L’investissement au sens large, est une activité que nous pratiquons tous au quotidien. De sa première ouverture de compte bancaire à l’acquisition d’un premier bien immobilier, le particulier investit et constitue son patrimoine tout au long de son existence.

Investir sur un marché financier est un outil de constitution de son patrimoine. Pour l’aborder convenablement, la meilleure pratique consiste à connaitre les règles de fonctionnement du terrain sur lequel on souhaite s’aventurer. Les règles sont communes pour tous et plus complexes qu’on ne le pense. Passionné par le sport, je dirais qu’investir en bourse est un sport. Le terrain de jeu est le marché, l’arbitre est présent et à toujours raison, il y a des gagnants et des perdants. Comme dans tout sport, il y a des joueurs amateurs (les particuliers et petits porteurs) et des joueurs professionnels (les institutionnels). La grande particularité du sport bourse, c’est que tout le monde joue dans la même division. En vous confrontant aux marchés financiers, vous allez affronter vos pairs mais aussi et surtout des banques, des fonds d’investissement, des hedge funds, des gérants, des algorithmes, la liste est longue et non exhaustive…

Le défi est intéressant car chacun peut y trouver sa place et ses intérêts. Il faut simplement connaitre les règles et ne s’aventurer que sur les terrains que l’on maîtrise et qui sont de son niveau. Si aujourd’hui les opérateurs de marchés des grandes institutions sont parmi les plus qualifiés que l’on peut trouver, c’est bien que les opérations et le champ d’activité est complexe. Le particulier à toute ses chances à condition de bien comprendre ce qu’il fait et de connaitre parfaitement les fonctionnements de la bourse sur laquelle il opère.

Oublier l’étape fondamentale de la formation, c’est se retrouver au départ d’un 100m avec des mocassins aux pieds. Vous arriverez peut-être au bout mais ce sera plus long et ça risque de faire mal…

« Investir sans recherche revient à jouer au poker sans regarder ses cartes. » P.Lynch

1. Principes généraux

La bourse est avant tout un lieu d’échanges et de confrontation entre les agents économiques.

D’une part ceux qui ont besoin de financement (offre) et ceux qui ont la capacité de financer (demande). Les offreurs (entreprises par exemple) émettent des titres financiers (actions) qui sont achetés par les investisseurs (les demandeurs). Les particuliers représentent une infime partie des échanges boursiers. Les plus gros acteurs sont les banques, les assurances, les fonds d’investissements, caisses de retraite…

L’offre et la demande se confrontent avec le schéma bien connu suivant :

Source : site économie.gouv.fr

Une transaction est réalisée lorsque les courbes de l’offre et de la demande se croisent. Nous retrouvons exactement ce principe au travers du carnet d’ordre boursier sur lequel nous reviendrons plus tard.

Les échanges peuvent s’effectuer sur deux types de marchés :

  1. Le marché primaire : émissions de titres nouveaux. Les investisseurs doivent souscrire aux introductions en bourse ou encore aux augmentations de capital ou bien aux émissions obligataires (ces dernières ne sont pas disponibles pour les particuliers car les montants sont en dizaines et centaines de millions).
  2. Le marché secondaire : c’est en quelque sorte le marché de l’occasion puisque tous les instruments peuvent être échangés ou négociés sur ce marché avec souvent beaucoup de liquidité, des délais très rapides et un accès facile pour tous. Les actions, les OPC et les produits dérivés sont aujourd’hui les instruments les plus facilement accessibles aux particuliers.
  • Dans le marché secondaire, on peu distinguer des sous marchés :
    • Les marchés au comptant : dénouement des opérations en instantané (ou presque puisqu’il existe en délai de règlement livraison invisible pour le particulier). Ce marché est souvent organisé par une entreprise de service de bourse : Euronext pour la France.
    • Les marchés à terme : les transactions sont effectuées à une date future déterminée à l’avance. On retrouve les contrats futurs et les options qui sont des instruments utilisés essentiellement par les institutionnels.
    • Les marchés de gré à gré : sont des marchés sans règles de fonctionnement dans lesquels les transactions sont réalisées en direct entre un acheteur et un vendeur.

2. EURONEXT : Le marché centralisé et organisé

Euronext et une société française qui a la charge du bon fonctionnement du marché réglementé. Elle agit sous le contrôle de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et, à ce titre, ses prérogatives principales sont les suivantes :

  • Organiser et faire appliquer les règles du marché.
  • Gérer informatiquement la cotation et la liste des instruments négociables.
  • Assurer la confrontation de l’offre et de la demande avec un carnet d’ordre.
  • Diffuser les informations nécessaires au fonctionnement du marché : cours, données de marché, information de presse, communiqués…

Si l’on considère que les marchés financiers sont indispensables au fonctionnement de notre économie, alors, Euronext remplit en quelque sorte une mission d’intérêt public.

Instruments négociés

EURONEXT permet d’échanger des produits au comptant :

  • Les actions
  • Les obligations
  • Les ETF (fonds d’investissement côtés aussi appelés trackers)
  • Les ETC (Exchange Traded Commodities) permettant d’échanger des matières premières

On peut également négocier des produits dérivés dont la valorisation dépend d’un actif sous-jacent (le blé, le pétrole, un indice…)

Attardons-nous aux trois catégories d’actifs qui présenteront le plus d’intérêts pour l’investisseur particulier :

  • Les actions : ce sont des titres de propriété. L’actionnaire est détenteur d’une partie du capital de l’entreprise. Il devient donc solidaire de la réussite ou de l’échec de l’entreprise. Il nomme par vote les dirigeants et vote également la distribution des bénéfices. C’est de cette distribution qu’il tire sa rémunération (le dividende). Il peut également revendre ses titres en espérant une plus-value (spéculation).
  • Les obligations : ce sont des titres de créances. Le détenteur d’une obligation est ici un prêteur de liquidités. L’obligation est caractérisée par une durée, et un rendement. Le prêteur se voit rémunéré par l’intermédiaire du coupon (taux d’intérêt nominal de l’obligation). Cette rémunération est directement liée à la durée de l’obligation et au risque de défaut de son émetteur. Le particulier pourra acheter facilement des obligations par l’intermédiaire de fonds d’investissement (OPC) ou d’ETF.
  • Les ETF :  pour Exchange Traded Funds sont des produits dérivés. Ils visent à répliquer la performance boursière d’un sous-jacent (indice de référence). Un ETF sur le CAC 40 répliquera la performance exacte des 40 valeurs qui composent l’indice. Ainsi, c’est un moyen rapide et pratique de s’exposer à un secteur ou une zone géographique en achetant un ensemble de valeurs dans un seul titre financier.

Il existe deux familles d’ETF :

  • A réplication physique : les titres de l’indice correspondant sont achetés et détenu par l’ETF.
  • A réplication synthétique : les titres ne sont pas achetés directement. Le gérant de l’ETF utilise un swap de performance pour reproduire la performance de son indice.

Retenez que les ETF à réplication physique auront moins tendance à s’éloigner de la performance de leur sous-jacent que ceux à réplication synthétique.

Organisation

Toutes les sociétés admises à la cote ou à la négociation sur l’un des marchés d’Euronext sont segmentées en trois groupes selon leur capitalisation boursière, ce qui permet aux investisseurs de distinguer les sociétés de petite, moyenne ou grande capitalisation :

  • A : capitalisation > 1 milliard d’euros
  • B : capitalisation < 1 milliard et > 150 millions d’euros
  • C : capitalisation < 150 millions d’euros.

Il existe également Euronext growth (pour les petites valeurs), le marché libre (micro-capitalisation), le marché des produits dérivés. Le marché libre et Euronext growth ne disposent pas de cotations en continu mais d’un système de négociation appelé au fixing. Nous invitons les particuliers qui débutent à se focaliser uniquement sur les valeurs des catégories A, B d’Euronext et d’éviter les marchés dans lesquels la liquidité est très faible.

Horaires d’ouverture de la bourse de Paris

Nous aborderons ici uniquement les horaires d’ouvertures de notre marché domestique de la bourse de Paris avec Euronext. Nous conseillons de débuter les premières opérations sur Euronext avec des transactions en euros avant de s’aventurer sur d’autres places boursières.

7h15 à 9h00 : Préouverture

C’est dans ce laps de temps que les ordres accumulés se mettent au carnet d’ordre. Il n’y a pas d’exécution à ce stade mais une centralisation des ordres dans le carnet.

9h00 à 17h30 : séance de bourse

Période pendant laquelle les échanges sont réalisés. La cotation est continue et les offres et demandes se confrontent. Une transaction est réalisée dès que la demande et l’offre se rejoignent sur un prix.

17h30 à17h35 : préclôture

Comme pour la préouverture, cette période permet de centraliser les ordres sans être exécutés. Cela permet de déterminer le cours de clôture.

17h35 : fixing

Le cours de clôture est déterminé, les ordres passés à ce cours peuvent être exécutés tant qu’une contrepartie est présente. Les ordres non exécutés dont la validé s’arrête ce jour tombent en fin de validité. Il faudra les repositionner le lendemain si l’intérêt pour un titre est toujours présent.

17h35 à 17h40 : période de Trading At Last (TAL)

Cette phase est peu connue des investisseurs particuliers et pourtant très intéressante lorsqu’on cherche à acquérir une valeur proche du prix du jour. Durant les 5 minutes du TAL, il est possible de passer un ordre de type « cours limite » au cours du fixing. Si une contrepartie est présente, la transaction peu se faire alors même que la séance boursière est terminée.

C’est très pratique pour acquérir un titre en fin de séance si l’on a loupé le prix d’exécution de peu dans le courant de la journée.

Attention néanmoins, la possibilité de passer des ordres au TAL n’est pas toujours possible sur toutes les plateformes de courtage. Les frais de courtage sont également parfois majorés. Il faut bien se renseigner avant.

3. Réaliser une transaction

Le carnet d’ordres

Le carnet d’ordre est le reflet du principe général de marché à savoir la confrontation de l’offre et de la demande.

Nous allons voir l’exemple d’un carnet d’ordre extrait du site Boursorama pour la valeur Air Liquide :

Les ordres sont centralisés dans le carnet par prix / heure d’entrée. Ainsi les ordres au plus prés du prix de la dernière transaction sont en haut du carnet. Les ordres arrivés en premiers dans le carnet sont exécutés les premiers (règle du « first in, first out »).

Les ordres de bourse

Les ordres au marché

Également appelés ordres « à tout prix ». Cela permet d’acheter ou de vendre une quantité de titres sans condition de prix. Il est prioritaire sur les autres ordres et l’acheteur ou le vendeur sont exécutés en fonction des prix demandés ou offerts en haut du carnet d’ordre.

Il permet une exécution immédiate d’une transaction. Nous préférons utiliser les ordres à cours limite que nous allons voir juste après. Les ordres au marché peuvent être utilisés pour les grandes valeurs (catégories A) sur lesquelles la liquidité est forte. Il n’est pas recommandé pour les petites valeurs au risque d’être exécuté avec des prix très éloignés du dernier cours de bourse.

Les ordres à cours limité

Ce type d’ordre permet d’acheter ou de vendre des titres en conditionnant un prix maximum pour l’achat et minimum pour la vente. On sait dès lors que le cours d’exécution ne dépassera pas cette limite. L’ordre reste dans le carnet jusqu’à la date de validité qu’on lui a attribué.

Nous préconisons de privilégier ce type d’ordres pour vos achats / ventes.

L’ordre à la meilleure limite

L’acheteur ou le vendeur verra son ordre exécuté au prix de la première offre ou de la première demande. Dès la première transaction, l’ordre se transforme en ordre à cours limite au prix de l’exécution. Si tous les titres de l’ordre n’ont pu être échangés, l’ordre à cours limite reste dans le carnet jusqu’à l’exécution totale ou l’expiration du délai attribué.

Ordre à seuil de déclenchement (ou « ordre stop »)

Ce type d’ordre se déclenche dès qu’un prix seuil est atteint. Lorsque le prix seuil est atteint, l’ordre se transforme en ordre au marché (où à tout prix). Le prix d’exécution n’est pas maitrisé. Les ordres à seuil de déclenchement ont la particularité de ne pas apparaitre dans le carnet d’ordre. La volonté d’acheter ou de vendre reste donc « secrète » aux yeux des autres acteurs qui se réfèrent au carnet d’ordre.

Ce type d’ordre est souvent utilisé pour se protéger de pertes importantes. On les appelle « stop loss » dans le jargon.

Concrètement, un investisseur veut par exemple vendre ses titres si la valeur de ces derniers descend sous 10 €. Il peut placer un ordre de vente à seuil de déclenchement de 9.95 €. Dès lors, si le prix du titre atteint 9.95€, le détenteur vendra à tout prix ses titres dans le marché. Rien ne lui garanti néanmoins qu’il les vendra 9.95€. Au déclenchement de l’ordre le prix de vente pourrait se situer bien en dessous si le cours du titre descend en flèche.

Ordre à plage de déclenchement

Pour contrer le risque que nous avons évoqué dans les ordres à seuil de déclenchement, l’investisseur peut définir une plage de déclenchement et d’exécution. Ainsi, en reprenant notre exemple, notre investisseur peut définir un ordre de vente stop à 9.95€ avec une plage jusqu’à 9.50€.

Si le titre descend à 9.95€, un ordre de vente est déclenché avec un niveau de baisse maximale à 9.50€. Si tout les titres n’ont pu être céder dans cette fourchette (9.95€ – 9.50 €), le solde de titres non vendus reste dans le portefeuille du détenteur.

Il existe encore bien d’autres ordres (iceberg, tactique, suiveurs, etc…). Nous conseillons de débuter avec les ordres classiques et principaux que nous avons détaillés. Ils permettent de réaliser toutes les opérations de gestion d’un portefeuille dans d’excellentes conditions. Les ordres plus complexes où exotiques sont souvent le meilleur moyen de s’emmêler et de réaliser des opérations que l’on n’a pas souhaité avec des erreurs.

J’utilise pour ma part presque exclusivement les ordres à cours limité pour réaliser mes opérations en bourse ! La simplicité est souvent le maître mot pour durer sur les marchés financiers.

4. Se lancer…

Il faut forger pour être forgeron nous préconise l’adage. Ce qui prévalait pour la confection d’armes vaut toujours pour les marchés financiers. Le meilleur conseil que l’on peut vous donner en bourse est de se lancer.

Il faut sauter dans le bain. Attention toutefois, on ne sait pas nager juste avec la théorie. C’est pourquoi, une phase d’apprentissage est nécessaire. Elle peut être rapide à condition de ne pas bruler les étapes.

Voici quelques recommandations simples pour se familiariser rapidement avec la bourse sans se bruler les ailes.

  1. Commencer par des opérations en devises locales (euros) sur le marché domestique (Euronext).
  2. Positionnez des ordres à cours limite avec une validité quotidienne ou de quelques jours seulement (pour ne pas les oublier).
  3. Acheter des grandes capitalisations pour commencer (catégories A de préférence) avec des sommes modestes pour la taille de votre patrimoine.
  4. Diversifier vos lignes avec une dizaine de valeurs au début et monter jusqu’à une vingtaine pour un portefeuille bien établi de long terme.
  5. Ne scrutez pas l’évolution de vos titres dès que vous les avez achetés. La bourse fluctue à court terme. Le long terme a toujours raison.
  6. N’investissez que des dans titres ou produits dérivés dont vous connaissez parfaitement le fonctionnement et le business sous jacent.
  7. N’investissez en bourse que l’épargne dont vous n’avez pas besoin à court terme. Cela vous évitera de devoir vendre dans les moments inopportuns.
  8. Enfin si vous restez lucide et méthodique, respecter les deux règles principales de notre mentor Warren BUFFET :
    • « La règle n° 1 est de ne jamais perdre d’argent. »
    • « La règle n° 2 est de ne jamais oublier la règle n° 1 »
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